A L’occasion de la sortie de son dernier long métrage de fiction, Agora, Taher Chikhaoui animera une rencontre filmée et ouverte au public avec Ala Eddine Slim, cinéaste, désormais majeur, du cinéma tunisien. Depuis Babylon, et bien avant pour les observateurs avertis, le nom de Ala Eddine Slim est rattaché à la nouvelle génération de cinéastes tunisiens. Pas seulement en tant que réalisateur mais également en sa qualité de producteur. Il faut dire qu’en trois films, Alaeddine Slim s’est affirmé comme une figure de proue, en tout cas comme l’un des principaux représentants du renouveau du cinéma tunisien et pas seulement. D’emblée, ses films, sans exception, ont été accueillis dans les plus grands festivals du monde et recueilli d’importants prix. La rencontre ne vise pas seulement à essayer de dégager les éléments forts de son esthétique, ce qui malheureusement n’a pas toujours été suffisamment fait ; mais nous tâcherons de nous interroger sur ce paradoxe de plus en plus terrible : la valeur artistique de son travail est inversement proportionnelle à sa reconnaissance locale. Le fait n’est pas nouveau, mais il semble s’aggraver. Peut-être le questionnement que pousse loin A. Slim quant aux formes d’expression cinématographique donne-t-il le sentiment, non seulement d’une rupture radicale avec les modèles dominants ou attendus, mais d’un éloignement par rapport à une attente fatiguée des schèmes télévisuels. Ramener le fantastique aux frontières du réel, en faire, presque, son prolongement contigu et inscrire le discours politique, non pas contre mais tout contre l’image, inquiètent et déroutent. Notre rencontre essaiera de prendre la mesure de ce décalage et, espérons-le, atténuer ce paradoxe.